Quoi de plus déroutant qu’un film d’auteur russe ? Peut-être un film d’auteur roumain… 4 mois, 3 semaines, 2 jours a obtenu la Palme d’Or à Cannes. Le jeu des acteurs (surtout l’actrice principale, Annamaria Marinca, qui joue l’accompagnatrice) est particulièrement juste, c’est vrai. Le sujet est, quant à lui, en lui-même source des polémiques indispensables à une Palme d’Or : l’avortement clandestin dans une Roumanie encore à l’âge de la dictature où un tel acte est passible de nombreuses années de prison. Et le scandale est d’autant plus facile qu’il n’y a certes aucune image de sexe mais juste ce morceau de viande sanguignolant, le foetus expulsé, en un long gros plan très glauque.
Mais la réalisation sans rythme ainsi que le scénario trop linéaire et centré sur les seuls faits vécus par deux femmes (l’avortée et l’accompagnatrice) nuisent considérablement à l’intérêt du film, au final très décevant. Rien sur les motivations ou les réflexions des personnages, rien sur le responsable masculin de la grossesse, rien sur l’environnement social des héroïnes… Le spectateur assiste à un épisode de vie glauque qui s’achève très brutalement. Au point que, malgré l’ennui qui gagne, l’arrivée du générique de fin surprend.