Agora, de Alejandro Amenabar, avec Rachel Weisz et Max Minghella, effectue un rappel historique des plus utiles par les temps qui courent. Renouant avec le genre du péplum historique, Alejandro Amenabar nous emmène dans l’Alexandrie du quatrième siècle après Jésus-Christ. Les derniers philosophes des écoles helléniques, notamment la mathématicienne et astronome Hypatie, se heurtent aux conquérants Chrétiens. L’Empire passe progressivement entre les mains de ces derniers. L’obscurantisme misogyne triomphe et aboutira à la perte d’Hypatie.
Si les scènes de foules sont là pour nous rappeler qu’il s’agit aussi d’un film d’action à grand spectacle, il faut saluer le travail profond fait sur les personnages, loin d’être des caricatures. La majeure partie du film se déroule autour de scènes intimistes. La très belle Rachel Weisz, aux antécédents très éclectiques, sait donner une véritable vie à Hypatie, une héroïne méconnue de la science (et de la liberté des femmes) face à l’obscurantisme.
Les vues d’élévations pour voir Alexandrie de plus en plus haut jusqu’à contempler la Terre puis l’Espace sont une bonne idée scénique, d’une part pour rappeler la petitesse des hommes et de leurs batailles mais aussi pour placer des ruptures commentées dans l’histoire. Il est dommage que les images de synthèse ne soient pas à la hauteur de la technique actuelle en terme de réalisme.
Le rappel des faits du quatrième siècle à Alexandrie est des plus utiles à notre époque où l’on pare l’Europe de racines chrétiennes pour mieux l’opposer au reste du bassin méditerranéen, majoritairement musulman. S’il est vrai que l’Islam ne connait pas actuellement sa période la plus brillante, l’obscurantisme agressif, misogyne et intolérant était, il y a 1500 ans, du côté des Chrétiens. Ainsi est née la période sombre du Moyen-Âge, dont l’Europe est sortie grâce aux savants musulmans de l’Andalousie, les véritables pères de la Renaissance.