8th Wonderland, de Nicolas Alberny et Jean Mach avec Matthew Géczy et Alain Azerotnous amène dans un futur proche où se constitue une nation virtuelle, littéralement le Pays de la Huitième Merveille (Internet). Celle-ci, ultra-démocratique mais discrète, commence à prendre des décisions sur le monde réel et se fait remarquer. Les citoyens virtuels se grisent du jeu et défient de plus en plus ouvertement les pays réels et leurs dirigeants ainsi que les grandes firmes, qu’ils sont capables de couler par des opérations de boycott ou des sabotages.
Le pitch est séduisant, avouons le. Et un film à petit budget, sans aucune star et au sujet original mérite d’être soutenu, d’autant que le scénario est bien mené, la réalisation honnête et les acteurs très convenables.
Il y a cependant assez rapidement des limites dans la démonstration. Indubitablement, une communauté virtuelle pourrait mener des actions comme décrites dans le film. Après tout, de multiples communautés actuelles et bien réelles défient ouvertement les lois de tel ou tel pays, notamment sur la propriété intellectuelle par exemple, avec une volonté militante, sans compter les communautés clairement criminelles.
Mais celle dont il est ici question est particulièrement stupide sur plusieurs points : centraliser ses données sur un seul datacenter par exemple ou accepter d’ignorer l’identité de son webmestre. D’autres absurdités techniques font tiquer, comme l’absence de connexion Internet en montagne (il suffit de prendre une liaison par satellite). Enfin, une telle communauté laisserait nécessairement de multiples traces et la première réaction des vrais pays (la manipulation et le discrédit) est infiniment plus crédible et efficace que la barbouzerie qui sera finalement menée.
Ne doutons pas que ce film sera culte dans certains groupes de pseudo-geeks, même s’il n’a pas la puissance poétique d’un Avalon, de Mamoru Oshii. Il aurait plutôt toutes les faiblesses d’un Anti-Trust, de Peter Howitt, avec Ryan Phillippe et Douglas McFerran, sorti en 2001.
Enfin, point exaspérant, la version originale sous-titrée en français est quasiment illisible : le film a beau être français, il a été tourné en anglais et les sous-titres n’ont quasiment aucun contraste avec le fond dans la plupart des scènes.