Voyager dans l’espace a été, pour l’humanité, la suite logique de son rêve réalisé de conquérir le ciel. Mais les technologies actuelles ne sont ni pertinentes ni prometteuses pour conquérir les étoiles.
Quand découvrirons-nous ou appliquerons-nous des méthodes plus appropriées à une réelle conquête de l’espace ? Il était normal que l’auteur de « Les Lettres de l’Espace » se penche sur le sujet dans un billet de blog…
En effet, les fusées consomment une très grosse masse de carburant pour envoyer dans l’espace une faible charge utile. A cela s’ajoute la difficulté d’envoyer des êtres humains par ce moyen : cela suppose une condition physique irréprochable et un lourd entraînement. Le coût global du lancement est également alourdi par le fait qu’une fusée est globalement perdue lors de son premier usage, même si on tente d’en récupérer certaines portions avec un besoin de réfection tel que cela demeure extrêmement couteux.
Pourtant, la fusée reste, par rapport aux autres moyens envisagés auparavant, le meilleur (ou le moins mauvais) moyen. Cette technologie est donc employée par les actuels acteurs privés, comme SpaceX par exemple, comme par tous les opérateurs spatiaux d’Etat partout dans le monde. Le canon, en particulier, doit être totalement exclu : l’accélération nécessaire à un envoi dans l’espace par ce moyen est telle que rien n’y résisterait. Si Jules Verne avait envisagé un canon classique à poudre, la variante moderne du canon électromagnétique ne change rien. Même un objet inerte -comme un satellite- serait détruit dans l’opération.
Pour essayer de résoudre le problème de l’accélération au décollage et de réduire le coût global d’un lancement, plusieurs améliorations ont été tentées.
Ainsi, la navette spatiale américaine, un véhicule récupérable utilisant un lanceur détruit par l’usage, a été utilisée durant trente ans (1981-2011). La récupération de l’essentiel du lanceur est la voie choisie par SpaceX. Mais la consommation de carburant s’accroît avec la récupération d’éléments puisque, précisément, il faut récupérer les éléments, donc les ramener sur Terre. Comme le voyage dans la Lune supposait la récupération des astronautes, il a nécessité une fusée particulièrement gigantesque, la Saturne V, emportant une seconde fusée pour le voyage de retour Lune-Terre.
D’autres moyens ont été envisagés pour réduire le coût de la partie lanceur du véhicule spatial mais aussi la difficulté physique du lancement, liée à l’accélération subie. En particulier, il a été envisagée de créer des sortes d’avions montant en très haute altitude et larguant alors une fusée ressemblant à un missile. Le type de moteur d’un avion, même stratosphérique, permet un coût bien moindre sur la partie la plus difficile du lancement (la basse altitude). L’accélération nécessaire est nettement plus faible. Et le premier lanceur est toujours récupéré. A ma connaissance, cette technologie est restée dans les cartons. J’en ignore la raison. Sans doute que la promesse d’économies n’était pas au rendez-vous. Pourtant, les pays ne disposant pas de territoires de lancement près de l’équateur auraient dû être intéressés puisqu’un tel avion aurait pu se positionner à l’endroit le moins coûteux en carburant pour lancer la fusée spatiale sans se préoccuper de ce qui se passe au niveau du sol en termes de frontières.
Dans « Les Lettres de l’Espace« , j’imagine une variante de cette solution. Il s’agit de faire monter le vrai lanceur à très haute altitude grâce à des ballons se gonflant progressivement à l’hydrogène. Une fois à la limite de l’atmosphère, une fusée pas très puissante est suffisante. Une telle fusée n’est pas très coûteuse et plutôt facile à fabriquer. De la même façon, au retour, la chute est amortie par l’usage d’un ballon gonflé à l’hydrogène. L’emploi de l’hydrogène pur, gaz très abondant et facile à fabriquer à partir d’eau, diminue considérablement les coûts avec le seul inconvénient du risque d’explosion. Mais ce risque est inhérent à tous les types de fusées. Pour l’heure, cette technologie n’a jamais été sérieusement étudiée à ma connaissance en dehors de quelques études universitaires.
Bien sûr, la science-fiction regorge de moyens de propulsion et de technologies de voyage dans l’espace. La plus prometteuse est peut-être le moteur ionique, attribué aux soucoupes volantes dans les années 50. Son seul inconvénient est de nécessiter l’embarquement de la puissance électrique d’une centrale nucléaire en appliquant nos technologies actuelles. Les supra-conducteurs à température ambiante devraient améliorer la chose mais, pour l’heure, cela reste de la science-fiction.
Je reste muet sur la technologie employée par « Les pionniers d’outre-lumière« . Mais l’emploi d’une technologie de rupture est indispensable si l’on veut pouvoir un jour massivement conquérir l’espace. Espérons qu’une telle technologie peut exister.