C’est la fin du monde ! On entend partout cette rengaine ! L’homme a causé le réchauffement climatique et il va détruire la Terre. Calmons-nous, un peu. Certes, l’homme provoque un réchauffement climatique. Certes, nous vivons en ce moment la sixième extinction massive des espèces.
Mais est-ce pour autant la fin du monde ? Non, rassurez-vous. Le monde en a vu bien plus, bien pire.
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Commençons par le début. Nous sommes donc dans la sixième extinction massive des espèces. Cela signifie donc que cinq autres ont eu lieu auparavant. La plus connue, c’est celle de la fin du Crétacé, la cinquième, il y a 66 millions d’années, où les dinosaures non-aviens ont disparu. Les extinctions ont été très hétérogènes selon les groupes mais tous les ordres animaux et végétaux ont été touchés. Pourtant, cette cinquième extinction n’a pas été la pire.
La troisième, à la fin du Permien, il y a 250 millions d’années, a vu la disparition de 95 % des espèces marines et de 70 % des espèces vivant sur les continents. Et, parmi les causes de celle-ci, on trouve un être vivant : une archéobactérie méthanogène qui aurait provoqué un réchauffement climatique avec des températures pouvant dépasser les 50°C sur les continents. Rappelons que le méthane est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone.
L’être humain n’est donc pas la seule espèce qui détruit son environnement au point d’anéantir une grande partie du biotope. Et de s’anéantir par la même occasion.
Et, à chaque fois, la vie a gagné. Cinq extinctions, cinq réapparitions d’une vie diversifiée. Pourquoi en serait-il autrement cette fois ? Bien sûr, pour chaque extinction, il y a par définition un grand nombre d’espèces qui disparaissent. Cette fois, l’humain en fera sans doute partie. Mais, dans quelques millions d’années, plus personne ne s’en préoccupera. Qui nous succèdera comme espèce dominante ? Une pieuvre ? Un autre vertébré non-primate ? Un blob peut-être ? Voire, comme dans le roman Solaris de Stanislas Lem, un blob unique couvrant toute la planète ? Nous ne serons plus là pour le savoir, alors qu’importe… La vie invente toujours une voie.
La fin du monde est un sujet récurrent dans les littératures de l’imaginaire. Et, bien évidemment, c’est un sujet que j’ai abordé plus d’une fois. Deux de mes romans sont totalement centrés sur le sujet : Génération Oméga et Le survivant solitaire.
Dans Génération Oméga, la cause de la fin du monde est exogène : une comète va s’écraser sur Terre. Toute la question est de savoir comment l’humanité va réagir à l’annonce de sa prochaine extinction brutale. Au fil du récit, le lecteur va l’apprendre.
Avec Le survivant solitaire, on trouve une cause liée au réchauffement climatique actuel. Un germe va se rappeler à notre bon souvenir à cause du dégel du permafrost où il était bien caché. Or les voyages étant plus rapides que jadis, au lieu de détruire une petite population, ce germe va se répandre dans le monde entier. Le roman suit les aventures d’un survivant, seul dans une ville, immunisé par hasard.
Finalement, l’expression « fin du monde » elle-même ne montre qu’une chose : l’égocentrisme humain, l’anthropocentrisme. Ce n’est pas parce que l’être humain détruit son propre écosystème, se détruit lui-même, que c’est la fin du monde. C’est juste la fin de son espèce. Donc, inutile de trop s’en faire pour la Terre : une fois l’humanité disparue, tout repartira comme après chacune des cinq extinctions précédentes.