Soul a été réalisé par Pete Docter et Kemp Powers pour les studios Disney / Pixar. Il a été l’un des premiers longs métrages à gros budget à sortir exclusivement sur le service de streaming Disney+ et pas en salles, les salles étant fermées à cause de la crise sanitaire Covid-19.
Le 25 avril 2021, Soul a obtenu l’Oscar du film d’animation. Cette récompense est amplement méritée et jette une sacrée pierre dans le jardin du Festival de Cannes ou des César.
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Le lobbying des distributeurs a poussé la plupart des acteurs du cinéma en Europe à conserver une offre prioritairement destinée au cinéma en salles. La réglementation sur la chronologie des médias interdit tout petit arrangement. En Europe, c’est la guerre : le streaming ne passera pas. Evidemment, la guerre est perdue d’avance.
Comme les libraires qui pleurent depuis cinquante ans (comme je l’indiquais dans un de mes billets précédents) à cause des grandes surfaces, de la FNAC ou d’Amazon, les distributeurs de cinémas ont perdu la guerre avant même de l’avoir commencée. L’économie, cela marche au service rendu au client et au meilleur prix. Point. Toute réglementation qui vise à préserver des prés carrés n’entraîne que la ruine des acteurs qui se croient protégés (libraires, salles de cinéma…) et refusent de servir leurs clients à la hauteur des attentes de ceux-ci, satisfaites par ailleurs.
Et n’oublions pas le snobisme de certains milieux (« Non, mais moi, je ne tourne qu’en 35mm, la 4K numérique moins chère et de meilleure qualité, c’est tellement vulgaire… ») qui ne survivent qu’avec des subventions. Autrement dit : ce sont nos impôts qui payent le snobisme des snobs. Il est temps, là aussi, que ça s’arrête. Et non, ce n’est pas une défense de la création. Les créateurs sont le plus souvent des victimes de ces acteurs ultra-privilégiés, comme je le racontais précédemment avec les mésaventures de Taylor Swift, exemplaires de ce point de vue.
Si le cinéma européen (français notamment) persiste dans son attitude, il nous restera à pleurer l’échec des plates-formes de streaming européennes et la destruction finale de notre industrie cinématographique. Mais les pleurs seront déchirants sur la scène des prix de l’entre-soi et tout sera évidemment la faute du méchant gouvernement. Pour une fois, ça ne sera pas totalement faux : il est temps d’en finir avec la chronologie des médias comme avec le prix unique du livre ou les subventions sectorielles accordées aux copains de copains. Et ça, c’est en effet du ressort du gouvernement.