Molière, Molière, Molière… Le Français est « la langue de Molière ». Il est le dieu de notre culture. Exactement comme Shakespeare chez nos meilleurs ennemis les Anglais. Molière et Shakespeare sont tous les deux des directeurs de troupes de théâtre ayant, comme c’est souvent le cas à l’époque, signé les pièces jouées par les dites troupes.
400 ans après la naissance de Molière, il est opportun de se rappeler que, à l’époque, le droit d’auteur n’existe pas. Il apparaîtra avec Beaumarchais, un siècle après la mort de l’auteur favori de Louis XIV. Et cela n’est pas anecdotique : le droit d’auteur est récent dans notre histoire économique et les artistes ont dû s’arranger autrement durant des millénaires.
Cela a une conséquence majeure pour tous les auteurs anciens, Molière et Shakespeare bien sûr, mais aussi bien plus anciens, tels que Homère.
Tous ont, à l’époque moderne, subi ce qui serait, pour un auteur de notre époque, la pire des infamies : le doute sur la paternité de leurs oeuvres. A l’époque, ce n’est pas un problème. L’auteur s’efface derrière ceux qui jouent, ceux qui récitent, ceux qui transmettent. L’interprète est supérieur à l’auteur car c’est lui que le public voit.
Homère a-t-il même existé ? Et Shakespeare ? Quant à Molière, la controverse sur la paternité d’oeuvres attribuées à d’autres auteurs de la même époque a finalement débouché sur un non-lieu. Soit.
Mais, cependant, que Molière n’ait pas été le seul auteur des pièces signées de son nom n’aurait rien de choquant dans la vision de l’époque. Il était avant tout un producteur, le patron de sa troupe de théâtre. Que chacun mette son grain de sel dans la tambouille des vers, y compris après improvisation sur scène, ma foi, quoi de mal ? C’est le patron qui décide, au final, ce que l’on garde ou non… et qui signe tout.