La question humaine, de Nicolas Klotz, avec Mathieu Amalric et Jean-Pierre Kalfon.
La question humaine, de Nicolas Klotz, avec Mathieu Amalric (le psychologue) et Jean-Pierre Kalfon (le directeur général) a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du festival de Cannes 2007. Son propos est à la fois « polémique » (même si le réalisateur déteste ce mot qui clôt les débats plus qu’il ne les ouvre) et classique : l’inhumanité de la gestion des entreprises modernes où les hommes deviennent des « unités » que l’on est satisfait d’éliminer par sens du devoir. Jadis, les nazis considéraient les détenus massacrés (notamment juifs) comme des « pièces » et les petites mains du régime faisaient leur devoir. Derrière la similarité des langages totalitaires, le film veut rapprocher les pratiques en contant ce complot à plusieurs niveaux où s’opposent entre eux des directeurs généraux et d’anciens collègues.
La réalisation et le montage de ce film sont pour le moins étonnants. D’une part, la voix du héros reste constante qu’il parle en « voix off du narrateur » ou en tant que personnage agissant. Cette idée est intéressante en assurant la continuité du film et du propos. Par contre, la succession de plans-séquences en ruptures les uns avec les autres, la plupart tournés en caméra fixe, est moins heureuse. Le plus perturbant est surtout la découpe des « dialogues » entre deux personnages en monologues alternés, chaque locuteur étant filmé en caméra fixe et seul à son tour, parfois muet tandis que l’invisible parle. Il en résulte un effet de récitation désagréable, d’autant plus que les émotions transparaissent rarement dans le jeu des acteurs.