Le Hobbit : un voyage inattendu, de Peter Jackson, avec Martin Freeman, Richard Armitage et Ian McKellen adapte le début de Bilbo le Hobbit, de J.R.R. Tolkien. Comme chacun sait, Bilbo Le Hobbit est avant tout un conte d’héroïc fantasy pour adolescents, plutôt joyeux, publié en 1937. Il se déroule dans un univers nettement plus sombre conçu dès les prémices du Silmarillon (années 1910-1920) et qui donnera en 1954-1955 le fameux Seigneur des Anneaux.
Après avoir, avec un grand succès, adapté Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson, malgré ses atermoiements, ne pouvait qu’adapter dans un même esprit Le Hobbit. Il en a même fait trois films dont voici donc le premier.
Or, pour redonner une cohérence graphique et scénaristique entre les deux trilogies, cohérence qui n’était pas parfaite à cause de la durée d’écriture de l’oeuvre de Tolkien, Peter Jackson a dû sacrifier certains aspects du livre de Tolkien. Les elfes sont ainsi de grands guerriers impassibles et blonds alors que, si dans le Seigneur des Anneaux la description colle bien, ils sont davantage, dans Bilbo, proches des elfes classiques des légendes germaniques : un peu crétins, plutôt petits, joyeux et même farceurs, tout juste bons à se faire farcir avec des pommes. Pour la même raison, on voit débarquer Galadriel en femme sage (dans Bilbo, c’est une affreuse sorcière), Saroumane (qui n’apparait normalement pas dans Bilbo), les nains de la Moria (aucune trace dans le livre Bilbo), un Nécromancien qui fait penser à des prémices de Sauron (dans Bilbo, on entend juste parler d’un nécromancien qui sera vaincu hors champ par Gandalf), etc. Le film débute avec un clin d’oeil aux personnages de la Trilogie du Seigneur des Anneaux : Bilbo s’apprête à écrire ses mémoires alors que Frodon et lui préparent son anniversaire, quelques heures avant le début de la trilogie précédente. L’histoire est ponctuellement modifiée au nom de l’action et des effets spéciaux impressionnants. Du coup, même s’il reste des morceaux de comédie, ce Bilbo là est beaucoup moins joyeux que le livre.
A l’inverse, certains dialogues mythiques sont bien conservés, comme l’échange entre Gandalf et Bilbo autour du « Bonjour » (au tout début du film et du livre) ou bien le jeu d’énigmes entre Gollum et Bilbo.
La technologie ayant encore fait des progrès depuis la réalisation des films de la Trilogie du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson s’en donne à coeur joie. La 3D est exploitée joyeusement avec efficacité. La réalisation est extraordinaire, à la hauteur de ce que sait faire Peter Jackson.
Bref, le voyage dans la Terre du Milieu se justifie toujours pleinement.