Un prophète, de Jacques Audiard, avec Tahar Rahim et Niels Arestrup, a obtenu le Grand Prix du dernier festival de Cannes. S’il faut parfois se méfier de ce genre de récompenses, force est de constater que cette histoire terrifiante d’un jeune loubard prend aux tripes. Ce petit délinquant minable apprend son métier de criminel en prison, quittant progressivement son statut de victime pour devenir petit parrain et entrevoir la lumière noire du pouvoir des gangs.
Le surnom de prophète lui est donné ironiquement, parce qu’il devient le révélateur d’une nouvelle sorte d’hommes, cyniques, prêts à tout pour survivre et améliorer le sort de son clan. Et sans hypocrisie.
Jacques Audiard a pris un risque considérable en confiant le rôle titre à un parfait débutant, Tahar Rahim. Celui-ci mérite cependant largement la confiance qui lui a été faite : sa présence continue à l’écran construit le film, l’évolution de son personnage transparait dans la moindre de ses attitudes.
En plus d’une réalisation évidemment soignée mais sans délire esthétisant, le film bénéficie d’un scénario très crédible tout en étant implacable.
Et on ressort de la séance en se demandant si la sécurité publique n’exigerait pas qu’on supprime tout de suite toutes les prisons…