Nous sommes la nuit (Wir sind die Nacht) de Dennis Gansel, avec Karoline Herfurth, Nina Hoss et Max Riemelt est la preuve que l’on peut encore innover de manière intéressante dans le film de vampires. Pourtant, les vampires du créateur de la fable sociologique La Vague sont les plus traditionnels du cinéma depuis longtemps : absents dans les miroirs, brulant au soleil, riches, oisifs, puissants, se déjouant de la gravité, contaminant par morsure non-mortelle…
Il est vrai qu’ici, les vampires sont des femmes. Et ça change beaucoup la perspective.
De nos jours, à Berlin, une petite délinquante nommée Lena Bach (Karoline Herfurth) échappe à un policier (Max Riemelt) mais en tombe amoureuse et c’est réciproque. Cela peut certes être un problème en temps normal. Ca l’est d’autant plus quand le soir même la dite délinquante se retrouve transformée en vampire à son corps défendant par une maîtresse femme pluri-centenaire, Louise (Nina Hoss). Mais la police tombe sur beaucoup trop de cadavres et surtout de témoins. La traque commence.
L’érotisme sous-tendant depuis toujours le mythe du vampire est ici transposé dans l’homosexualité féminine, au sein de ce groupe de vampires femelles s’assumant comme des prédatrices de tous les mâles, y compris leurs congénères mâles jadis exterminés. Les seuls mâles qui les approchent sont des jouets sexuels vite transformés en nourriture. Cela ne convient évidemment pas tout à fait à la jeune nouvelle. Car que serait l’immortalité éternelle sans amour ?
Tout en utilisant tous les codes les plus traditionnels du mythe du vampire, Dennis Gansel (non seulement réalisateur mais aussi créateur de l’univers et des personnages) le renouvelle tout à fait tant sur le fond que sur la forme. Ici, il n’y a en effet guère de trucage, en dehors des petits jeux avec la gravité. L’ambiance est profondément réaliste, celle d’un film policier. On ne serait presque pas surpris de voir débarquer l’inspecteur Derrick.
Le seul élément fantastique est donc constitué de ces vampires. De ce point de vue, la prestation de Nina Hoss est magique et terrifiante.
Les amateurs du genre ne seront pas les seuls à adorer ce film.