Kong, Skull Island, de Jordan Vogt-Roberts, avec Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson et Brie Larson, vient compléter une déjà longue série d’avatars du singe géant. La première version date de 1933, de Merian C. Cooper, Ernest et B. Schoedsack avec Fay Wray, Robert Armstrong et Bruce Cabot. La deuxième de 1976, de John Guillermin, avec Jessica Lange et Jeff Bridges. La magnifique troisième version de King Kong date, elle, de 2005, oeuvre de Peter Jackson avec avec Naomi Watts, Jack Black et Adrian Brody.
Le défi à relever était donc considérable, chaque film King Kong ayant une forte personnalité : colonialisme (1933), écologisme (1976), romantisme (2005)… Il aurait fallu oublier « King Kong roi de l’Atlantide », « Dracula et Frankenstein contre King Kong » et autres « King Kong contre Godzilla ». Pourtant…
Ce Kong là est dans la lignée des films de monstres japonais, les Kaijū eiga (un studio japonais est d’ailleurs coproducteur), genre Godzilla. Et la filiation est clairement revendiquée. Kong est bien sur son île mais il a une mission : combattre les monstres de la Terre Creuse, ce que des indigènes muets savent bien, tout comme un pilote américain de la seconde guerre mondiale écrasé là. Non, on ne rigole pas. Pas plus que lorsque les héros admirent une aurore boréale sous les tropiques. Evidemment, ces crétins d’Américains ne comprennent pas le sens de la vie et veulent tuer Kong, d’autant que les soldats sont vexés d’avoir perdu au Vietnam d’où ils reviennent (le film se passe en 1973). On notera que le rôle de la blonde aux gros seins est tenu par une fille châtain qui ne couche pas avec le héros à la fin (ou, du moins, rien ne se passe devant la caméra, pas même un bisou).
De tous les Kong, c’est aussi le plus grand. On doit bien être dans les 30 ou 40 mètres. Il n’est pas le seul animal géant. On croise un buffle d’une dizaine de mètres au garrot, des pseudo-araignées d’une dizaine de mètres hors pattes, etc. Non, aucune échelle n’est respectée. Quant à l’anatomie (im)probable… D’autres animaux sont de taille normale, tout comme les humains autochtones.
La réalisation des effets spéciaux est honnête, notamment les combats de monstres. Kong est humanoïde mais n’a pas de pieds (ils sont toujours dans l’eau), sans doute pour éviter d’en faire un quatre-mains. Mais, clairement, on n’a pas le réalisme du King Kong de Peter Jackson, pourtant vieux de plus de dix ans.
Bref, ce Kong est un film de série B. Et comme dans tous les films de super-héros, un bonus post-générique nous raconte le film suivant : il y a plein d’autres monstres sur/sous Terre. Ca fait peur tout ça.