Cette nouvelle complète le recueil « Carcer et autres libérations » dont le thème général est l’enfermement.
17 août 2007
Carole avait les mains dans les poches de son manteau. Elle attendait, le regard dans le vide, sur un quai de la gare. Le premier train de la journée pour la capitale était attendu avec quelques minutes de retard. Enfin, les haut-parleurs lancèrent l’annonce de l’entrée en gare de l’express.
Quant le train fut immobilisé, l’homme qui était à côté de Carole lui donna son billet pour la capitale, le plaçant dans une poche intérieure du manteau, et lui souffla simplement à l’oreille : « vas-y. Assieds toi à l’une des places que tu vois de libre, ici, dans ce wagon. »
Carole monta dans le train en utilisant la porte juste en face d’elle. Elle marcha sans vraiment regarder où elle allait. Elle s’assit sagement sur la première banquette, à gauche de la porte : les deux places étaient libres. Son regard n’allait nulle part, simplement vers un endroit du côté de la banquette devant elle. L’homme était resté sur le quai jusqu’à la fermeture des portes du train. Quand le dernier wagon eut quitté la gare, il sourit, retira ses gants et rejoignit sa camionnette stationnée à quelques dizaines de mètres de là puis il démarra.
Dans cette petite gare de province, peu de gens montaient ou descendaient du train mais cela ne justifiait pas que quiconque examine de trop près cette jeune femme qui s’était simplement installée dans un wagon ordinaire comme n’importe quel passager, ou bien son accompagnateur. En lire plus La cave