Cinquante Nuances de Grey, de Sam Taylor-Johnson, avec Dakota Johnson et Jamie Dornan, adapte la célèbre romance érotique d’E. L. James. Bien qu’écrite par une quinquagénaire, l’histoire est un gentil fantasme d’adolescente.
Dans ce conte de fée, la princesse s’encanaille avec un prince dominateur mais qui n’est pas pire que bien d’autres si on lit les versions complètes de Blanche-Neige, de la Belle et la Bête ou de La Belle Au Bois Dormant.
Elle est de classe moyenne, étudiante à peine diplômée, mignonne mais encore vierge. Il est jeune, beau, sexy, séducteur, puissant et riche. Ils sont donc deux archétypes de contes absolument irréalistes qui se rencontrent fortuitement pour une interview destinée à un journal universitaire. Malgré tout, l’homme qui a tout est séduit par cette jouvencelle naïve. Pas un seul élément de l’histoire n’est crédible. Pas un instant les personnages ne résistent à l’analyse.
La jouvencelle découvre donc le sexe avec une relation gentiment sado-masochiste. Le prince la couvre de cadeaux coûteux. Le pire, ou du moins présenté comme tel, ferait à peine frémir une mère de famille conservatrice et tient davantage de la violence conjugale acceptée que du sado-masochisme. Toute l’histoire est donc parfaitement ridicule.
Mais il faut admettre que, à partir de ce matériau médiocrissime, Dakota Johnson et Jamie Dornan parviennent à séduire et même à faire oublier l’imbécilité de l’histoire. Le scénario bénéficie de la célèbre abolition temporaire d’incrédulité qui aide tant de scénaristes et il faut également admettre que l’on suit avec plaisir (et un léger sourire en coin tout de même) les gentilles aventures de ce petit couple bourgeois, frémissant à peine de leurs transgressions à la morale rigoriste. La réalisation de Sam Taylor-Johnson est également soignée, parvenant à fournir une image de qualité, jouant habilement sur les angles de prises de vue pour qu’il ne soit pas nécessaire d’interdire le film aux plus de douze ans.
Et au moins le film n’est pas mal écrit.
Et donc ils restent bien dans la cible de la ménagère. Elle veut rêver avec les systèmes classiques » conte de fées ». Et pouvoir se projeter complètement ds le personnage féminin donc le soft est indispensable.