En ce samedi 12 janvier 2019, France 2 diffuse la première sélection pour la représentation française à l’Eurovision 2019. Cette année, Destination Eurovision donne la parole aux téléspectateurs et au jury international dès la première sélection.
Sur neuf chanteurs pour cette première sélection, quatre vont en finale. dans quinze jours.
Naestro, un ex-boxeur, chanteur depuis quatre ans, a été le premier à se lancer en piste. Sa voix de ténor a d’abord été démontrée sur une reprise de Perfect. Sa chanson, Le Brasier, veut célébrer la foi en soi, avec du pop piano-voix accompagné par une voix puissante. Mais le résultat est plutôt décevant, d’une grande banalité, sans doute n’exploitant pas les capacités vocales de Naestro, ce que le jury français a reconnu.
Florina, vingt ans, a fait découvrir sa voix sur une reprise de l’Hymne à l’amour, d’Edith Piaf. Voix puissante et marquée, c’est incontestable, mais aux accents urbains un peu gênants sur un tel classique, même si elle revendique son côté autodidacte. Sa chanson, In the Shadow, nous demande à la réveiller quand l’humanité cessera ses imbécilités. Le pop urbain exploite bien les capacités vocales de Florina, le refrain en anglais et les couplets en français permettant de satisfaire le public international autant que le français. Le tout est appuyé par une belle présence scénique et un grand charisme mais l’interprétation a été trop immobile.
Chimène Badi, artiste à la longue expérience, s’est aussi présentée sur une chanson d’Edith Piaf : Je ne regrette rien. Technique mieux maîtrisée que Florina, bien entendu, mais, du coup, l’interprétation a été très classique. Sa chanson, Là-Haut, doit relancer sa carrière après l’échec commercial de ses dernières productions. Classique dans le registre de variété de Chimène Badi, cette chanson n’est certes pas mauvaise mais manque d’originalité, d’autant que la prestation scénique a été trop immobile.
La corse Battista Aquaviva s’est ensuite lancée sur Parl più piano, chanson dont la musique a illustré le film Le Parrain. Belle voix pour une jeune femme bien timide. Et elle chanta en corse, Passio. Voix envoutante, jeu de scène sensuel et charismatique servant une chanson capable de faire dresser les poils sans que l’on puisse comprendre les paroles : voilà un cocktail étonnant et détonnant.
Avec un look de dandy bien que rappeur, Silvàn Areg, s’est présenté, avec la reprise de Un Homme Debout, qu’il a co-écrit. Auteur-compositeur-interprète ayant collaboré depuis des années avec de nombreux interprètes rappeurs, il a été candidat avec Le Petit Nicolas. Avec une belle présence scénique, il signe une chanson intéressante autant qu’entraînante, rap avec des accents plus traditionnels à la Brassens, mais qui détonnerait à l’Eurovision.
Le plus attendu car ayant un grand succès sur Internet (900 000 abonnés !) et passé par un télé-crochet, Bilal Hassani, qui joue des codes de genres, s’est présenté avec Carmen de Stromae, chanson anti-réseaux sociaux. Sa chanson Roi, écrite par Madame Monsieur, le groupe ayant représenté la France l’an passé, a déjà un succès certain sur Internet. Roi est sur l’acceptation de soi quand on a un profil atypique. Sa voix envoutante s’associe à un grand charisme et un jeu de scène impliquant. Quelques phrases en Anglais permet d’accroître les chances d’une chanson très entraînante et séduisante, même si elle est d’un style pop classique.
Aysat, revendiquant des influences afros, a adapté le classique Dancing Queen, d’Abba pour se présenter, de telle sorte qu’on aurait cru entendre Gloria Gaynor. Auteur-compositeur-interprète, elle a défendu Comme Une Grande, du pop au ton afro, pour défendre des relations plus égales entre hommes et femmes. Charismatique, Aysat a vraie présente scénique avec cette chanson très entraînante mais il y a comme un goût d’inachevé.
Le duo masculin Lautner (Axel et Sacha, deux amis d’enfance de vingt ans) s’est lancé avec une reprise d’une chanson d’Amir, J’ai cherché, qui avait représenté la France à l’Eurovision il y a quelques années. Le niveau technique n’a pas été bon sur cette reprise. Ils ont ensuite interprété J’ai pas le temps, leur chanson pour l’Eurovision avec un bon jeu de scène pour du pop urbain pas très original même si la chanson est entraînante et les voix pas désagréables.
Enfin, dernière candidate, Mazy s’est présentée avec Si seulement je pouvais lui manquer de Calogero, montrant ses capacités vocales et sa capacité à transmettre les émotions malgré une timidité qu’elle a brisé au travers de la chanson. Avec une thématique classique, la nécessité de dépasser les peines de coeur, Oulàlà est un rap séduisant mais qui colle peu à ce que l’on attend à l’Eurovision traditionnellement.
Le jury international a totalement négligé In the Shadow et bien peu récompensé Passio, ce qui est dommage. Il a fait triompher Roi, Le Petit Nicolas, Comme une grande et J’ai pas le temps. Le public a voté assez différemment, In the shadow arrivant quatrième des votes du public, Passio troisième, Là-haut deuxième et Roi premier. Roi a donc largement doublement triomphé, devant Là-Haut, Le Petit Nicolas et Comme une grande. Chimène Badi a donc été sauvée par le public.