Ghostbusters, de Paul Feig, avec Melissa Mccarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones et Chris Hemsworth, reboote le film de 1984 d’Ivan Reitman avec Bill Murray, Dan Aykroyd, Harold Ramis et Sigourney Weaver. Cette version a été exécrablement accueillie par les fans de la première au point que les suites prévues ne devraient pas voir le jour.
Malgré tout, il faut sauver le soldat Ghosbusters, même si ça va être un peu dur.
Le film de 1984 était une farce potache pour post-adolescents où le fantastique n’était qu’un prétexte et les effets spéciaux tout à fait médiocres. C’était là son charme. A cela s’ajoutait une bande originale signée Ray Parker Jr qui fut un tube de discothèque. Bref, un film culte pour une génération, la mienne.
Si les concepts narratifs sont partiellement repris dans la version de Paul Feig, si le tube de Ray Parker Jr est réutilisé avec un arrangement actualisé, l’esprit n’est plus du tout le même. Et c’est là que le bât blesse.
Le film de Paul Feig est un bon thriller fantastique avec une dose d’humour et d’auto-parodie. Ses effets spéciaux sont très bien faits. Son scénario est bien plus solide, avec une histoire sans rapport avec celle du film de 1984, et les personnages mieux travaillés et plus crédibles que dans la première version. Mais ce n’est pas un film potache indépendant avec des têtes brûlées. C’est un film bien lisse tel que voulu par le marketing de Sony.
Le choix d’un casting féminin n’est pas innocent : les héroïnes ne sont ni des matchos sexistes, ni des dingues à la limite de l’autisme commettant catastrophes sur catastrophes. Ce sont des héroïnes, certes un peu foldingues, mais politiquement correctes. La seule note un peu discordante est jouée par Chris Hemsworth en réceptionniste complètement débile mais super-sexy. Les filles apprécieront une scène visiblement coupée du montage et réintroduite dans le générique de fin où, possédé, il exécute une très belle danse. Cette visible référence à une autre farce potache fantastique culte, The Mask (la scène à la sortie du parc), a dû déranger le marketing de Sony.
Sans rancune ni réticence, Bill Murray et Dan Aykroyd participent à la production, le premier jouant même son anti-personnage, un vieux professeur rationaliste, pour quelques courtes apparitions. Harold Ramis étant décédé en 2014, le film lui est dédicacé. Sigourney Weaver fait également une apparition rapide en professeur foldingue dans l’une des rapides scènes dans le générique. Le bonus final post-générique fait d’ailleurs un lien avec le premier film.
Bref, les adorateurs du film de 1984 détestent ce film parce qu’il brise l’esprit originel. Et ceux qui détestent les blagues potaches dont le premier Ghosbusters est un bel exemple n’iront pas voir le film non plus car ils ont en tête ce premier film. Au final, un superbe raté marketing alors que le film est plutôt bon dans son genre même s’il n’est pas destiné à marquer l’histoire du cinéma.
C’est un peu comme si Sony décidait de refaire Highlander sans les paysages d’Ecosse, la bande originale de Queen et le duo Sean Connery / Christophe Lambert. Oh zut ! Il parait que quelque chose comme ça se trame… Il serait temps qu’Hollywood retrouve des scénaristes capables d’idées originales au lieu de sans cesse faire des reboots, des remakes et des suites.