Goldorak, c’est un manga culte pour ma génération en France, pays où le dessin animé a été diffusé à partir de 1978. Cette œuvre du Japonais Go Nagai, déclinée en dessin animé par Toei Animation en 1975, est bien moins populaire au Japon où il n’était qu’une séquelle des séries Mazinger.
Mais quand des fans, évidemment français, se mettent en tête de ressusciter le merveilleux robot, on peut avoir peur.
Après qu’ils aient réussi à convaincre Go Nagai lui-même et les différentes parties prenantes, voici donc que sort un album sobrement intitulé « Goldorak ». L’action se déroule dix ans après la fin de la série originale.
Et c’est une pure merveille.
Le scénariste Xavier Dorison a déjà une longue carrière derrière lui (Le Troisième Testament, Aristophania…), tout comme ses illustrateurs Denis Bajram (Alix Senator, Universal War…), Brice Cossu (Frnck, Carthago Adventures…) et Alexis Sentenac (Carthago Adventures, Siberia 56…). Ils ont goûté à diverses sortes aussi bien de graphisme que de thématiques. Se replonger dans l’univers du manga un peu naïf des années 1970 n’a pas dû être compliqué pour ces fans.
Le manga original était destiné à des pré-adolescents. Même s’il était très manichéen avec des gentils et des méchants clairement identifiés, certains méchants n’étaient pas si méchants ou avaient une part de lumière. Dans cette aventure destinée aux nostalgiques, aujourd’hui au moins quadragénaires, on découvre la part d’ombre des héros. Ce qui était naïvement exposé avec les hésitations du pacifiste Procyon est, là, clairement mis en avant. La guerre propre n’existe pas. Et l’enjeu, pour le Prince d’Euphor, n’est rien moins qu’un double-génocide.
Nous sommes en effet ici face à l’extermination de la population de deux planètes : Euphor et Stykadès. Dans l’animé d’origine, Euphor a été ravagé par les troupes de l’empire de Véga dont la capitale et planète d’origine est Stykadès. Or, à la fin, Goldorak et les deux princes Arcturus et Phénicia retournent sur Euphor tandis que Stykadès n’existe déjà plus. Nous sommes donc dix ans plus tard. Et Goldorak est revenu sur Terre. La première question sera : pourquoi ? Et voilà qu’une soucoupe amirale de la Division Ruine et un golgoth particulièrement puissant débarquent. Le commandant exige qu’on laisse les derniers survivants de Stykadès s’installer sur Terre, au Japon, dont les humains doivent être évacués.
Les débats moraux et les hésitations sont ici au coeur d’une intrigue aux nombreux rebondissements.
Graphiquement, on est plus au niveau du roman graphique que de l’imprimé hebdomadaire jetable. Et ce même si l’univers est bien respecté.
Si vous ne savez pas quoi offrir à un quadragénaire ou un quinquagénaire à Noël…