Hell, un drame asocial aux héros méprisables
Hell a été massacré par la critique bien-pensante. Ce film de Bruno Chiche avec Sara Forestier et Nicolas Duvauchelle est en effet un drame qui ne parle pas des sujets politiquement corrects (les malheurs dans les banlieues, etc.) et où le sexe et la drogue sont les armes du crime. Les héros sont de jeunes oisifs riches inspirés du roman de Lolita Pille (qui a co-écrit le scénario, même si le film est une adaptation libre du roman). Ils sont méprisables, haïssables, superficiels et, pire que tout, riches et malheureux. Mais seuls les pauvres ont le droit d’être malheureux pour plaire.
Les acteurs savent donner une vraie profondeur à leurs personnages que
le scénario entraîne irrémédiablement, sans longueurs inutiles, vers le
drame final, vers le seul dénouement possible et dont seuls les détails
pouvaient varier. A cela s’ajoute une photographie soignée dont la
sophistication correspond bien à l’univers dépeint.
En réponse au Bonjour Tristesse, roman fleur bleue collant bien à l’insouciance des Trente Glorieuses, Lolita Pille avait craché le superbement écrit Hell. La classe sociale est la même, l’âge de l’héroïne aussi. Mais il y a une différence de taille : Mai 68 est passé par là et a fabriqué des parents bourgeois dont la progéniture subit les désillusions de la fausse révolution. La drogue est toujours là, le sexe aussi, mais les rêves sont partis. Ou transformés en cauchemars.