Avec les absurdités et les crimes commis au nom des diverses religions, même dévoyées, on ne peut pas douter que Dieu -s’il existe- n’est guère satisfait de ses partisans. Et si les meilleurs des hommes, pour un éventuel Dieu, étaient les agnostiques ? Si le Pari Pascalien était une escroquerie ?
Je vous accorde que la proposition peut surprendre voire scandaliser. Mais je m’en vais vous l’expliquer après avoir précisé que je me considère moi-même comme agnostique.
Précisons tout d’abord de quoi on parle. Ce qui nous importe ici est la réponse à la question « Dieu existe-t-il ? », question posée une fois que le concept de Dieu a été plus ou moins défini. En effet, si le concept de Dieu n’est pas défini, poser la question n’a tout simplement aucun sens.
Pour un croyant, Dieu existe. Pour un athée, Dieu n’existe pas. Pour un agnostique, la question est indécidable et n’a donc aucun intérêt. L’agnostique prend donc la décision d’écarter la question de Dieu de toute sa réflexion et de la conduite morale de ses affaires.
Un athée affirme, lui, que Dieu n’existe pas. Il s’oppose donc formellement à toute forme de concept divin. On peut donc supposer, même si ce que je vais dire au sujet des agnostiques est en grande partie valable pour l’athée, qu’un Dieu potentiel pourrait lui en vouloir un peu d’être ainsi nié.
Le croyant va vouloir faire preuve de sa foi. Il va contribuer à des rituels. Son attitude est, au pire, celle du pari pascalien explicite. Mais, au mieux, il s’agit bien toujours d’une forme ou d’une autre de pari pascalien : j’aime dieu pour obtenir quelque chose pour moi (le paradis en général). J’ai donc intérêt à être croyant. Etre croyant est faire le pari de l’existence de Dieu. Dans les Evangiles, Jésus est explicitement hostile aux Pharisiens qui font du rituel le sens de leur vie. En gros, ce qui compte, selon Jésus, pour un pharisien, est de plaire à Dieu dans l’espoir d’être récompensé. Ce n’est guère là l’amour désintéressé de Dieu.
Mais l’agnostique, lui, refuse le pari pascalien. Sa morale a une autre base que l’espoir d’une récompense pour avoir infantilement obéi à une série de consignes et suivi des rituels. Son amour de l’Autre est donc désintéressé et son coeur pur. Et il n’irait pas tuer ou torturer quiconque au nom d’un Dieu. Ce qui ne peut que convenir à un Dieu bon, seul digne d’être aimé.
Bref, le meilleur croyant est l’agnostique.