Que reste-t-il de Lucien Ginsburg ? Sans doute pas même quelques os, au cimetière du Montparnasse. Que reste-t-il de Serge Gainsbourg ? Une œuvre musicale considérable et une influence importante sur de nombreux artistes qui l’ont avoué, sans oublier ceux qui ne veulent pas l’admettre.
C’est là la différence entre un être humain et un artiste de génie.
Lucien Ginsburg dit Serge Gainsbourg est né le 2 avril 1928 à Paris et mort le 2 mars 1991 dans cette même ville, il y a trente ans.
A bien des égards, Serge Gainsbourg est contestable et contesté, source de polémiques tant sur lui-même que sur son oeuvre. Il cultivait son côté artiste maudit, il cultivait son rejet, sa laideur (voir la chanson « L’homme à tête de choux »).
Une chose, cependant, appelle un commentaire de ma part : sa position sans nuance sur une distinction entre arts mineurs et arts majeurs. Selon Serge Gainsbourg, les arts mineurs sont appréciés de tous, les arts majeurs des seuls initiés. La chanson est donc un art mineur et la peinture peut être un art majeur. Cette hiérarchisation m’a toujours énervé. L’art sert à communiquer. Si l’artiste est incapable de faire ressentir ou comprendre ce qu’il souhaite à son public, il n’est ni majeur ni mineur, il est juste mauvais. Si, à l’inverse, il arrive à communier avec son public, à amener son public là où il le veut, alors il a du talent. Si le public visé dispose d’une culture particulière, soit, l’oeuvre doit s’appuyer sur elle, nécessiter une initiation, une appartenance. Mais le public n’a pas à faire des efforts pour accéder à un caprice d’artiste. C’est à l’artiste d’être à la portée de son public.