J’accuse, de Roman Polanski, avec Jean Dujardin et Louis Garrel, retrace l’Affaire Dreyfus. Celle-ci déchira, sur fond d’antisémitisme et de paranoïa germanophobe, la France à la fin de XIXème siècle, de 1894 à 1906.
Le capitaine Dreyfus (Louis Garrel), Juif, fut accusé d’avoir fourni des documents confidentiels à l’Empire Allemand. Il était la victime. Le véritable héros de l’Affaire, qui va mener l’enquête contre sa hiérarchie, est le Colonel Georges Picquart (Jean Dujardin). Pour une fois, l’Affaire est ici suivie du point de vue de ce dernier.
Le titre du film renvoie bien sûr au célèbre article d’Emile Zola dans l’Aurore.
L’antisémitisme ambiant et, plus particulièrement, celui de Georges Picquart sont clairement explicités. Les personnages sont parfaitement construits et décrits : Georges Piquart, mû par le devoir de vérité malgré son antisémitisme, face à un Dreyfus arrogant, cassant, antipathique au possible et qui, faute d’amis (au contraire du véritable traître, le fêtard Ferdinand Walsin Esterhazy), est la victime idéale d’un complot antisémite d’une armée qui ne veut pas se déjuger. Les historiens ont critiqué le rapprochement de Georges Picquart avec les Dreyfusards (comme Emile Zola) : le film présente une collusion qui n’a jamais eu lieu dans la réalité. Les motivations des Dreyfusards étaient même quelque part contraires à celles du très catholique et nationaliste Georges Piquart.
Jean Dujardin montre ici une nouvelle fois son talent en présentant l’évolution de cet officier fidèle à son devoir et à la France plus qu’à ses chefs, tout comme Louis Garrel, extraordinaire en Dreyfus. La caméra de Roman Polanski (juif, faut-il le rappeler ?) fait le reste. Et l’Affaire qui déchira la France devient ainsi un polar psychologique parfaitement maîtrisé, un très grand film historique qui se regarde avec bonheur et intérêt.