Joker, de Todd Phillips, avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro et Zazie Beetz, revisite totalement la mythologie de l’antagoniste de Batman. Ce dernier n’apparait pas : l’histoire se situe environ 15 ans avant son apparition, alors que Bruce Wayne est enfant. Thomas Wayne, son père, est cependant un protagoniste secondaire bien malgré lui.
Joker est un film fou sur la folie. L’avalanche de critiques élogieuses et de prix (dont le Lion d’Or au Festival de Venise) n’est, cette fois, pas volée.
On suite ainsi Arthur Fleck, fils d’une mère handicapée et folle, lui-même affligé d’un étrange syndrome qui le pousse à rire sans raison, même à contre-temps. Cette particularité, au lieu de lui permettre de vivre de son métier de clown ou de comédien, ne lui attire que des ennuis. Il s’enfonce dans une folie meurtrière, écho de la folie de sa mère. Jusqu’à ce qu’il comprenne, alors qu’il est trop tard. Il est alors devenu le Joker. A sa folie individuelle répondra un déchaînement de violences collectives face aux frustrations d’une population pauvre. Le Joker devient alors un héros en plus d’un anti-héros.
Robert De Niro joue ici un second rôle intéressant, celui d’un animateur de talk-show égocentrique et cruel. Mais c’est bien la prestation de Joaquin Phoenix qui attire tous les regards. Il campe un Joker absolument extraordinaire dans sa folie, surtout quand il prend conscience de sa psychose, de ses délires, du décalage entre le réel et son imaginaire, décalage qui n’est finalement révélé qu’à la fin du film.
Il serait injuste de limiter les qualités du film à ses acteurs. La photographie, les éclairages et les prises de vue servent parfaitement le propos avec un esthétisme de fin du monde.