La Belle et la Bête, de Bill Condon, avec Emma Watson et Dan Stevens, poursuit le programme de Disney de remakes avec vrais personnages des dessins animés classiques du studio. Le conte est d’origine antique (pouvant remonter jusqu’à Amour et Psyché) et archétypal, avec des variantes innombrables. Dès 1899, un premier film en est tiré par les Frères Pathé. Le premier dessin animé est américain, réalisé pour le compte de Warner Bros. Cartoons par Friz Freleng, sorti en 1934.
Avec la célèbre version de Jean Cocteau, sortie en 1946, et la version de 2014 avec Léa Seydoux, on compte une bonne quinzaine de versions cinématographiques majeures de l’histoire. En voici donc une de plus, directement adaptée du dessin animé réalisé pour le compte des studios Disney par Gary Trousdale et Kirk Wise et sorti en 1991.
Résumons rapidement l’histoire que chacun connaît : une jeune fille adorant son père se propose en échange de celui-ci, retenu en otage par une bête affreuse suite à la violation de sa propriété privée par le dit père. La bête est en fait un prince puni magiquement pour son égocentrisme et qui doit découvrir l’amour pour redevenir humain. Ce sera le rôle de la Belle. Psychanalytiquement, chacun sait que la jeune fille doit découvrir l’attrait de l’homme pour devenir femme en sortant de l’enfance et en renonçant donc à son père (résolution du complexe d’Electre, version féminine du complexe d’Œdipe) alors qu’elle ne voit initialement en l’homme viril (par opposition à l’homme paternel) qu’un monstre brutal.
Le charme d’Emma Watson est l’un des attraits de cette version, n’en doutons pas. Mais la magie Disney opère ici totalement. Traitée sous forme de film musical, avec les chansons du dessin animé retravaillées, l’histoire bénéficie totalement d’une magnifique réalisation usant avec délice des effets numériques pour créer un univers enchanteur. Le moindre personnage secondaire est soigné.
Disney oblige, comme dans le dessin animé, l’histoire est donc bien moins noire que le conte d’origine. Et il suffit d’un peu de gentillesse et de nombreux livres pour séduire Belle. Sans oublier, bien sûr, de la libérer pour libérer son coeur.
Mais même le coeur le plus endurci ne pourra s’empêcher d’écraser la même petite larme que Belle sur la Bête.