L’élection de Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis et l’actuelle campagne pour le renouvellement de son mandat ou l’élection de son successeur font craindre une deuxième guerre civile aux Etats-Unis. La première (nommée « Guerre de Sécession » en France) n’a pourtant pas laissé de bons souvenirs sur place. Le populisme d’extrême-droite, le complotisme paranoïaque et d’autres phénomènes font penser à la possible chute rapide de la première puissance mondiale.
Son démembrement serait sans doute brutal, plus que celui de l’URSS. Si j’ai envisagé plusieurs fois des sorts peu enviables pour les Etats-Unis dans mes oeuvres, je dois admettre que je n’avais pas prévu cela. Je voyais la chute finale autrement.
Dans La poire électronique, les lecteurs découvrent une ville imaginaire de la Côte Ouest, Los Franciscanos (Les Franciscains). Ce roman comique se moque (gentiment) d’Apple et surtout des Applemaniacs ainsi que des conventions de fans d’émissions, de séries, etc.
On ne peut pas dire que, à proprement parler, il y ait une chute réelle des Etats-Unis dans ce roman, si ce n’est une chute morale, une décadence sur laquelle repose beaucoup des effets comiques.
La décadence est encore plus affirmée dans un autre roman comique plus ancien mais qui se déroule, d’un point de vue chronologique dans mon univers, plus tard : Les pionniers d’outre-lumière.
Nous y rencontrons des Américains parfaitement stupides, arrogants, sûrs de leur force et de leurs valeurs… mais incapables d’entretenir leurs routes ou de disposer d’équipements collectifs. Le président qui les dirige est ridicule, issu d’un vote qui devait faire passer la promotion des minorités avant le programme. On est donc très loin de la réalité où c’est bien l’extrême-droite religieuse qui s’empare progressivement des Etats-Unis.
Et puis, la chute totale, je ne l’ai pronostiquée que dans la nouvelle « Cas de conscience historique« , du recueil Le temps perdu ne l’est pas pour tout le monde. Cette chute là, j’y croyais dur comme fer. La base est économique : les Etats-Unis sont structurellement déficitaires au niveau public mais aussi au niveau privé. Le niveau des dettes n’est soutenable que parce que le dollar peut être créé sans limite : objectivement, le dollar est une vraie monnaie de singe qui trouve toujours preneur. La seule et unique raison de cet état de fait repose sur la cotation du pétrole et des autres matières premières en dollars. Du coup, tous les échanges marchands reposent sur le dollar.
Or, dans cette nouvelle, un manipulateur de l’Histoire parvient à faire remplacer le dollar par un duo de monnaies (l’Euro et le Yuan). Les Etats-Unis s’effondrent aussitôt. Je trouvais cette hypothèse d’une destruction des Etats-Unis par un simple jeu d’écritures particulièrement pertinente. Je n’imaginais pas, je ne pouvais pas imaginer, que l’extrême-droite religieuse associée aux populistes et aux complotistes piétineraient les valeurs fondamentales des Pères Fondateurs. Comme quoi la réalité finit toujours par être pire que la fiction.