L’Aigle de la Neuvième Légion, de Kevin Macdonald, avec Channing Tatum et Jamie Bell, constitue un subtil mélange entre péplum et film d’indiens. Voilà donc le fils du commandant de la neuvième légion affecté à sa demande en Bretagne, au Sud du mur d’Hadrien. Or la neuvième légion a disparu quelques années plus tôt, ainsi que son emblème, salissant ainsi l’honneur de Rome et de la famille.
Le fils part donc, avec un esclave autochtone dont il sauva la vie, à la recherche de l’emblème au delà du Mur, dans les territoires sauvages.
On admettra que les Pictes se recouvraient de terre, se tatouaient et se coiffaient comme des Iroquois. Les paysages des Highlands sont convenablement tournées et l’isolement du lieu n’est pas sans évoquer les plaines du Far West. Bien entendu, il n’y a que Rome dont le symbole soit un aigle et il serait malséant de penser à un empire plus récent. Si les Pictes sont des sauvages, il est cependant rapidement admis qu’ils ont quelques raisons pour cela, appréciant modérément les viols de leurs femmes et le pillage de leurs terres par les Romains. La similitude avec les films d’Indiens est donc claire mais version moderne du genre, où les Indiens sont en fait les gentils même si les héros sont des cow-boys. Bien entendu, les politiciens de Washington, pardon, de Rome sont des lâches arrogants et parvenus.
Le scénario se déroule sans anicroche, avec les relances adéquates (mais sans véritable rebondissement). Nul ne s’inquiète très longtemps pour les héros. Et le lien d’amitié qui unit l’esclave autochtone et le soldat romain reçoit certes une explication mais reste d’une profondeur un peu étrange.
Le spectacle est donc agréable, le film bien tourné, mais rien ne mérite véritablement qu’on le distingue.