J’ai récemment tenté de lire un roman plus ou moins fantastique aux critiques élogieuses et ayant récolté quelques prix : « Les veilleurs« , de Vincent Message (760 pages). Le livre m’est tombé des mains et, après de puissants efforts débouchant sur un échec, je me suis résolu à en sauter plus de la moitié pour connaître la fin.
Ma réaction et le dithyrambisme des critiques m’a rappelé un autre ouvrage : « Les bienveillantes » de Jonathan Littell (Prix Goncourt et Grand Prix du Roman de l’Académie Française en 2006, 1400 pages). Et un autre, de pseudo-science-fiction française, « La horde du contrevent » d’Alain Damasio.
Dans mon descriptif commenté de bibliothèque, voici ce que j’écris au sujet de ces trois livres :
- « Les Bienveillantes » a obtenu le Prix Goncourt et le Grand Prix du Roman de l’Académie Française en 2006 : deux bonnes raisons de s’en méfier. 1400 pages de mémoires d’un officier SS durant la seconde guerre mondiale sans pratiquement de chapitrage, avec des allers-retours temporels pas toujours justifiés, un vocabulaire de couleur locale qui reste perturbant pour une lecture fluide… C’est certes intéressant comme approche de la deuxième guerre mondiale mais vraiment délayé, lassant et presque illisible.
- Un amnésique a tué des gens a priori au hasard dans la rue et vit à moitié dans un monde parallèle. Un policier et un psychiatre essayent de comprendre. Le pitch de « Les veilleurs » aurait pu donner quelque chose d’intéressant mais le récit est atrocement mené au point que le livre tombe des mains. Rassurons nous : il a eu des prix et la critique était laudative.
- Un roman de science-fiction français porté par un excellent bouche-à-oreille, auto-édité puis édité et réédité en poche, cela donnait envie. Mais « La horde du contrevent » m’a profondément déçu : l’identification des personnages présentant tour à tour leur point de vue par un simple symbole perturbe ; la quête inutile dans un univers de vents éternels auxquels les personnages et leur peuple devraient être habitués mais persistent à vouloir remonter au delà du vent pour, évidemment, finir à leur point de départ après avoir fait le tour de la planète ; une absence de définition de l’univers…
Suis-je devenu rétif à la Littérature (avec grand L), la vraie ? Ou est-ce que, plutôt, le sens du récit a totalement disparu de beaucoup de romans modernes ? Un point A, un point B, un protagoniste, un antagoniste, un cheminement, un univers cohérent… Certes, ce schéma est caricatural et jouer avec est une des bases quand on veut sortir de l’ornière mais il y a tout de même des limites ! Accumuler des pages et des pages et des pages et des pages… pour rien ! C’est juste assassiner des arbres inutilement.
Un bon romancier ne doit pas écrire un mot, une phrase, qui n’a pas son utilité. L’utilité peut être de faire naître une émotion, d’amener une réflexion ou de faire avancer le récit. Mais il faut que cela serve !
Heureusement, Daniel Pennac, dans « Comme un roman« , a édicté la charte « Les droits imprescriptibles du lecteur » :
« Le droit de ne pas lire.
Le droit de sauter des pages.
Le droit de ne pas finir un livre.
Le droit de relire.
Le droit de lire n’importe quoi.
Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)
Le droit de lire n’importe où.
Le droit de grappiller.
Le droit de lire à haute voix.
Le droit de nous taire. »
Merci Daniel Pennac !