La sortie du documentaire « Leaving Neverland » provoque des appels à la censure de Michael Jackson, contre lequel ressurgissent des accusations de pédophilie. Or le talent musical et chorégraphique de Michael Jackson ne fait aucun doute : il a révolutionné la pop.
Il n’est pas le premier à voir ainsi son oeuvre condamnée à cause de faits ou d’accusations de faits commis par l’auteur. En France, le cas le plus célèbre reste Louis-Ferdinand Céline.
Il y a cependant une importante distinction à faire entre ces deux artistes qui ont, chacun dans leur domaine, porté une profonde révolution stylistique.
Sauf à sur-interpréter certains titres (et cela n’a jamais été fait à ma connaissance), il me semble difficile d’associer une chanson de Michael Jackson avec une défense de la pédophilie ou même un appel à la tolérance vis-à-vis de cette pratique. Et même si certains gestes semblent inappropriés, le caractère réellement sexuel des agissements du chanteur demeure délicat à prouver.
A l’inverse, le cas de Louis-Ferdinand Céline ne fait aucun doute. Il était profondément antisémite, ses écrits le sont et il a réellement collaboré avec passion et détermination avec les Nazis. Il a cependant, au nom de sa contribution à la littérature, bénéficié d’une certaine mansuétude et ses œuvres demeurent publiées et même parfois étudiées à l’école. Avec des avertissements et des mises en contexte. Et, même si personnellement je ne supporte pas Céline (comme je l’indique dans ma médiathèque), je ne peux que reconnaître son importance dans l’histoire littéraire.
Certes, la France n’est pas les Etats-Unis. Et la mansuétude dont bénéficie Louis-Ferdinand Céline au nom de l’art n’est peut-être pas acceptable chez l’Oncle Sam. Il reste néanmoins dommage de se priver de créations utiles parce que leurs auteurs n’auraient pas été toujours des types bien sous tous rapports selon les critères du moment. Alors, si les salauds ont du talent, sachons distinguer les salauds des oeuvres, vomir les uns et apprécier les autres (même si l’on doit avoir des réserves).
Il est heureux que le talent pictural d’Adolf Hitler fut minable. Au moins, aucun cas de conscience ne nous broie le crâne à son sujet.