La chanteuse américaine Taylor Swift s’est lancée dans des réenregistrements de ses premiers albums. Il s’agit là de l’épilogue d’une longue bagarre qui l’a opposée à ses producteurs.
Désormais riche en plus d’être célèbre, elle a décidé de reprendre son indépendance. Et, surtout, de vider de sa valeur le patrimoine acquis par un homme qu’elle hait, à savoir les enregistrements originaux de ses premiers album.
D’autres artistes, pourtant célèbres, se sont retrouvés ainsi privés de la propriété de leurs oeuvres : The Beattles, par exemple, dont le catalogue a un temps appartenu à Michael Jackson.
Le problème se pose davantage dans la musique ou le cinéma car les intervenants sont nombreux et les investissements comme les profits considérables. Mais rien n’interdirait que le problème se pose de nouveau dans d’autres domaines artistiques.
N’oublions pas que Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, souvent considéré comme le réel inventeur du droit d’auteur (ce qui n’est pas tout à fait exact), défendait surtout la propriété de pièces de théâtre au bénéfice des auteurs.
La question s’est surtout posée à partir de l’invention de l’imprimerie et, ensuite, de toutes les méthodes de reproduction possibles.
Lorsqu’un texte, pièce de théâtre ou autre, devait être diffusé, c’était jadis au prix du travail de copistes ou d’interprètes (musiciens, acteurs…). Dès lors, l’auteur initial voyait sa valeur largement diluée. Et il était bien souvent soit riche par ailleurs pour lui permettre de passer du temps à sa passion artistique, soit protégé par un mécène. Le mécénat était bien souvent la seule manière de faire vivre des artistes. Certains, aujourd’hui, cherchent, à travers le financement participatif, à retrouver cet esprit du mécénat.
Revenons à nos oeuvres et aux droits attachés aujourd’hui. Il y a effectivement un ou plusieurs créateurs qui, aujourd’hui, d’une façon ou d’une autre, sont reconnus propriétaires d’un patrimoine. Mais dans une oeuvre, bien souvent, une interprétation est nécessaire : c’est évident dans le cas de la musique. Du coup, l’interprète aussi acquiert des droits liés à son travail. Et, bien souvent, les droits patrimoniaux sur les oeuvres ont été cédés à ceux qui ont payé pour que l’oeuvre existe. Et c’est ainsi que, bien souvent, les créateurs se retrouvent privés des droits sur leurs propres oeuvres, surtout aux Etats-Unis où il n’existe pas tous les garde-fous du droit français. Dans la chanson française, certains chanteurs (comme Joe Dassin) étaient connus pour toujours modifier les textes d’une chanson qu’on leur proposait afin d’acquérir une parcelle de la propriété de la chanson elle-même, évitant ainsi qu’un autre interprète ne puisse faire sa propre version sans leur accord.
Notre brave Taylor Swift était donc propriétaire de ses créations mais pas des droits associés aux enregistrements, propriété de son producteur. Ce patrimoine a été vendu dans le dos de l’artiste sans qu’elle ne puisse s’y opposer comme le rappelait un article récent.
En matière strictement littéraire, les investissements sont aujourd’hui très faibles et peuvent être assumés par les auteurs comme je le rappelle dans ma conférence sur l’auto-édition. C’est souvent plus compliqué dans d’autres domaines artistiques. Mais les mésaventures de Taylor Swift doivent servir à rappeler aux créateurs leur devoir de vigilance sur la défense de leur propriété intellectuelle.