Auteur très prolifique, Anne Rice est connue surtout pour ses sagas autour des vampires et des sorcières. Elle a, avec le court roman « Entretien avec un vampire« , complètement révolutionné le genre pourtant déjà largement épuisé. Son (anti-)héros Lestat le vampire est un personnage iconique de la pop-culture.
Son cycle des sorcières m’a nettement moins plu mais demeure une part importante de son oeuvre.
Le vampire est un mythe très ancien, très varié, aux multiples formes et sources. Il peut même être largement discuté de savoir si telle ou telle histoire, y compris mythologique, est bien une histoire de vampire. Le vampire « moderne » est né avec le célèbre roman épistolaire Dracula de Bram Stoker paru en 1897. Celui-ci est révolutionnaire à plus d’un titre, notamment sur sa forme puisque le personnage central (Dracula) n’est vu qu’au travers du regard des autres qui s’envoient des lettres à son sujet. Sur le fond, on a un combat certes du Bien contre le Mal mais surtout de la Science (Van Helsing) contre l’Obscurantisme (Dracula). Parue en 1836, la nouvelle fantastique « La Morte amoureuse« , de Théophile Gautier, est aussi une nouvelle sur des vampires mais plus classique dans son fond comme dans sa forme.
Le thème a été visité par d’innombrables auteurs, souvent médiocres, comme tous les thèmes fantastiques. Anne Rice va apporter plusieurs innovations. Tout d’abord, elle va construire un univers où l’existence des vampires a une raison d’être et où leur vie a un sens. La transmission du vampirisme devient un rituel où les deux parties ont leur mot à dire, même si elle peut être imposée. On est très proche, plus proche que jamais en fait, d’une image de la sexualité.
Si le cycle des vampires d’Anne Rice apporte une vision féminine au mythe, c’est encore plus le cas de son cycle des sorcières. Sur ce plan, cependant, elle est nettement moins originale. La vision féministe de la sorcière est là assez bien ancrée dans la culture américaine sans que je sois capable d’en donner un point de départ. La sorcière, femme forte, femme de savoir, est l’opposée de la sorcière soumise à Satan voulue par l’Eglise Catholique.
Pour ma part, j’ai abordé le thème de la sorcière une seule fois, dans la partie se situant au Moyen-Age d’Apotheosis et de sa réinterprétation Les hommes-dieux. J’ai choisi la vision moderne de la sorcière : il s’agit clairement d’une femme forte et de savoir qui doit faire face à un représentant du Bien officiel, un chevalier arrogant et violent.
Quant au thème du vampire, je l’ai traité dans la saga d’horreur parodique Le Saigneur des Agneaux, une oeuvre de jeunesse. J’ai mis longtemps à y revenir, ce que j’ai finalement fait avec Les liens du sang. Il n’est pas impossible que ce dernier roman ait un jour une suite : celle-ci est dans les cartons…