Le premier des droits est -dit-on- celui à la vie. Pourtant, dans nos sociétés occidentales modernes, démocratiques et ayant horreur du moindre risque, il existe un droit au moins autant important qui est nié. Il s’agit du droit à la mort. Plus exactement, du droit à vivre et à mourir comme chacun l’entend.
Deux aspects de ce droit à la mort sont à considérer. Le premier est l’euthanasie, le second le suicide. La différence telle que considérée ici est la conscience de la personne concernée.
Le droit à l’euthanasie
Des malades en phase terminale font régulièrement l’objet de batailles médiatiques. Dans le coma ou en état de véritable mort cérébrale, doit-on les « débrancher » ?
Bien souvent, les malades concernés n’ont pas laissé d’instruction expresse alors qu’ils étaient en bonne santé, se refusant à envisager ce genre de cas. C’est bien sûr une imprudence mais une imprudence fréquente. Mais, même lorsque des malades ont laissé des instructions précises pour exiger un arrêt d’un acharnement thérapeutique inutile, leur liberté à mourir est parfois niée.
Pourtant, l’acharnement thérapeutique est sans espoir lorsque le coma est dépassé. Et chaque jour de soin coûte inutilement à la société une fortune.
Dans ce genre de cas « laisser faire la nature », c’est à dire débrancher sans rien faire de plus, aboutit à la mort. Autant pour des raisons éthiques qu’économiques, pour le simple droit à mourir dignement, le recours à l’euthanasie doit être permis.
Le droit au suicide
Même si l’on parle parfois d’euthanasie dans le cas où un malade demande expressément à mourir (ou à être anesthésié jusqu’à ce que mort s’en suive), il s’agit davantage d’une assistance au suicide. En effet, nous avons affaire dans ce cas à une demande consciente, à une volonté expresse clairement exprimée.
Le droit de vivre ne peut pas se concevoir sans le droit de ne pas vivre. C’est à dire le droit de mourir comme bon semble à l’individu concerné. Si la première liberté est de pouvoir vivre, elle est aussi de pouvoir mourir. Or ce droit fondamental est souvent nié.
Si on peut considérer qu’une tentative de suicide impulsive, chez un adolescent dépressif par exemple, n’est pas une véritable volonté de mort, ce n’est pas le cas de quelqu’un engageant une démarche rationnelle explicite. Par exemple, un vieillard qui sait qu’il va mourir après de nombreuses souffrances doit pouvoir bénéficier du droit de mourir afin d’éviter des souffrances inutiles.
Or mourir peut être à la fois compliqué techniquement et potentiellement très douloureux. Pour éviter de survivre dans une situation pire (par exemple avec un handicap après une tentative ratée) ou simplement pour éviter de souffrir, le recours à une assistance doit être possible.
Un service public
Celui qui va tuer un individu à sa demande, en respectant des formes précises pour garantir l’expression libre et sans équivoque de la volonté de mourir, doit donc pouvoir être exonéré de toute accusation. Un tel individu doit même être regardé comme opérant un service public.
Ces formes à respecter pourraient être une déclaration expresse à plusieurs reprises sur une période de temps raisonnable (par exemple deux fois séparées d’une semaine) et devant des témoins fiables, si possible assermentés (huissier, notaire, policier…). On peut ajouter un entretien obligatoire avec un psychiatre. Juridiquement, l’assistance au suicide devrait être considérée comme exonérant de toute responsabilité dans la mort de l’individu dès lors que les formes requises sont respectées.
Retrouvez cet article dans le recueil Soyons des individus Solidaires.