La prostitution, la pornographie, les drogues : ces trois sujets ont un point commun, à savoir la liberté individuelle face aux normes morales avalisées par la législation. C’est la raison de leur regroupement ici.
La prostitution
Commençons par la seule prostitution. Le sujet est sulfureux. Ecartons d’abord plusieurs sources d’incompréhensions. Tout d’abord, il existe des prostitués des deux sexes et la prostitution n’est donc pas une atteinte par nature aux droits des femmes.
Ensuite, il est évident que l’esclavage et, d’une manière générale, toute atteinte à l’égalité des droits, au respect des droits fondamentaux comme la liberté, ne peuvent qu’être condamnés ici. Le proxénétisme dans son acception populaire est donc à condamner.
A l’inverse, il est normal de vendre le fruit du travail de son corps. Quand j’utilise mon cerveau pour produire quelque chose que je vais vendre, personne ne m’accuse d’être immoral. Pourquoi en serait-il autrement avec les organes sexuels ? Il faut donc refuser toute interdiction par principe de la prostitution lorsqu’il s’agit d’un libre exercice d’une activité engageant son corps.
La législation française est très hypocrite sur le sujet puisque si la prostitution est autorisée, elle l’est dans des conditions impossibles. Et si les prostitués doivent payer des impôts, ils n’ont pratiquement aucun droit, notamment social. Cette semi-légalité entraîne un grand nombre de dérives illégales mais de fait fréquentes, comme l’esclavage sexuel.
A l’étranger, les pays ayant autorisé expressément la prostitution (Pays-Bas, Allemagne, Nevada…) ont pu constater que le sort des prostitués autant que des clients était amélioré. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il n’en soit pas de même en France. Le développement d’une prostitution légalement organisée permettra de lutter contre le proxénétisme mafieux et l’esclavage sexuel. En effet, comme lors de la fin de la prohibition aux Etats-Unis, la demande se réorientera spontanément vers le circuit légal. A l’inverse, les pays interdisant formellement toute prostitution (notamment la Suède) voient la situation des prostitué(e)s s’aggraver.
Sur le plan juridique, il s’agirait de supprimer les articles du code pénal relatif au proxénétisme en tant que tel et, par contre, d’en ajouter un sur l’esclavage. Celui-ci serait considéré comme toute manoeuvre visant à contraindre quelqu’un à un travail sans le respect de ses droits. Serait considéré comme esclavagiste aussi bien un proxénète mafieux qu’un employeur qui utilise de la main d’oeuvre au noir, notamment des immigrés clandestins. Les sanctions devraient être très lourdes et aggravées en cas d’usage de violence ou d’enfermement (jusqu’à 20 ans d’emprisonnement et des peines de confiscation des biens).
Cet ajout de l’esclavage parmi l’éventail des crimes aurait aussi l’avantage de trancher le fameux débat sur le classement en crime contre l’humanité du commerce triangulaire en évitant d’étendre indéfiniment le concept de crime contre l’humanité.
Les drogues
Si la liberté du commerce sexuel pose un problème, il n’en est pas autant du commerce de l’alcool et du tabac. A l’inverse, les « drogues » officiellement reconnues comme telles sont interdites. Or, objectivement, tabac et alcool sont des drogues. Elles sont plus nocives que bien d’autres interdites.
Encore une fois, le principe doit être celui de la liberté. Quelqu’un qui veut consommer de la drogue doit pouvoir le faire légalement mais à condition que ce choix n’ait aucune conséquence pour les tiers. Les drogues « lourdes », handicapantes, doivent donc être prohibées au nom du coût social de celles-ci. La consommation de drogues, y compris le tabac et l’alcool, doit, de plus, être strictement réservée à l’espace privé et interdite dans les lieux publics, y compris la rue ou les restaurants sauf des établissements réservés.
La notion de choix suppose que l’individu qui fait le choix soit capable de le faire. Cela exclut de fait les mineurs. On sait, en effet, que plus on consomme une drogue (le tabac surtout) jeune, plus on sera dépendant.
En interdisant la consommation des drogues, y compris tabac et alcool, par les mineurs, on stoppe une trop grande dépendance.
Bien entendu, cela suppose de lourdement sanctionner toute personne qui vend ou donne de la drogue à des mineurs ou consomme lui-même une drogue en présence de mineurs.
Pour des magasins pour adultes
Ces dispositions permettraient de lancer des « magasins pour adultes » dont l’accès serait réservé aux seuls majeurs sur présentation obligatoire et systématique d’une carte d’identité.
Seuls ces magasins proposeraient des produits ou service à caractère pornographique voire sexuel (offres de services de prostitués), des drogues (y compris tabac et alcool).
Retrouvez cet article dans le recueil Soyons des individus Solidaires.