Les individus médiocres, les lecteurs de salons snobs et autres incultes persuadés que seuls les ouvrages illisibles sont de la culture rangent toutes les littératures de l’imaginaire sous un seul vocable : science-fiction. Avec mépris. Rendons leur au centuple leur mépris : ils l’ont bien mérité. Et allons plus loin que mon précédent coup de gueule sur le sujet.
Si vous êtes ici, vous n’êtes pas comme ces snobs. Vous savez que les littératures de l’imaginaire sont riches et diverses. Découvrons ensemble cette richesse et, plus particulièrement, un sous-genre moins connu qu’est la science-fantasy (ou science-fantaisie), sous-genre que j’ai visité avec Le Cirque du Monde.
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La science-fiction suppose deux choses induites par son nom : de la science (ou de la technologie) et de la fiction. C’est une fiction basée sur un usage d’une technologie, une découverte scientifique, ou les conséquences de l’une ou de l’autre. On peut y donner des tonalités différentes : l’aventure (avec Jules Vernes), la réflexion morale et sociale (avec Herbert George Wells), les conséquences sociales voire historiques (avec Isaac Asimov), etc. Je n’ai pris que des exemples parmi les grands classiques pour éviter tout débat sur ce classement très grossier dans sa maille. Ce n’est pas l’objet essentiel de ce billet. La science-fiction ne doit pas être confondue avec l’anticipation, même si des croisements sont possibles. L’anticipation se consacre à anticiper une évolution de la société, en général pour la dénoncer. Elle peut être réaliste (1984, de George Orwell) ou avoir des tendances de science-fiction (Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley). A l’inverse, la hard science-fiction est purement technologique et vise à étudier la technologie, la science, en principe plutôt dans ses conséquences.
Seconde grande famille des littératures de l’imaginaire, le fantastique possède de très nombreuses sous-familles et le classement est contesté et contestable. Le principe, c’est la création d’un monde qui dérive par rapport à la réalité. Par exemple, Harry Potter est un sorcier qui vit dans notre monde. Plusieurs nouvelles ou romans de Guy de Maupassant, comme Le Horla, appartiennent à ce genre très ancien. On peut aussi y rattacher les récits mythologiques gréco-romains. les romans gothiques du XIXème siècle en font partie (La Morte amoureuse, de Théophile Gautier).
La fantaisie (ou fantasy) se distingue du fantastique par le fait que le monde est totalement créé, qu’il est différent du nôtre voire connait des lois physiques différentes. Là encore, de très nombreux sous-genres existent. Le plus connu est l’heroic-fantasy, avec l’exemple le plus célèbre, Le Seigneur des Anneaux, de J.R.R. Tolkien.
Et puis il y a des sous-genres hybrides, des croisements étranges, des oeuvres qui défient les classements. Je serais, par exemple, bien en peine de fixer mon roman Apotheosis dans ce classement. Le héros, vivant dans un futur proche, se découvre des pouvoirs, c’est donc du fantastique. Mais l’usage du successeur d’Internet, baptisé Emenu, est central dans l’histoire et c’est donc de la science-fiction. Mais les mondes créés par les dieux humains relèvent, eux, de la fantaisie. De telles hybridations sont finalement assez fréquentes dans la littérature moderne, avec le florissant space-opera par exemple, qui se balade entre science-fiction technologique et fantaisie.
La science-fantasy (ou science-fantaisie) est un genre hybride. Il prend l’apparence de la fantasy, souvent de l’heroic-fantasy, mais, en fait, relève de la science-fiction. Le monde décrit est totalement rationnel et les étrangetés, ce qui est d’abord présenté comme de la magie, se révèle être de la technologie. Les créatures que l’on croit fantastiques y sont réalistes voire réelles. Le moment de bascule entre la fantaisie et la science-fiction est en général au coeur de l’intrigue et de son dénouement. Je ne vais donc pas vous expliquer ce qui fait que mon roman Le Cirque du Monde relève de ce genre afin qu’il vous reste du plaisir à le lire.
Pourquoi je vous présente aujourd’hui ce genre méconnu ? Simplement parce que mon prochain roman en relèvera.