« Reine Rouge« , c’est un polar multi-primé au succès international de l’auteur espagnol Juan Gómez-Jurado. Il a récemment été adapté en série pour Amazon Prime.
De fait, c’est un polar efficace dont on a du mal à se détacher. Interrompre sa lecture suppose un effort.
Malgré tout, une fois le livre achevé et reposé, il laisse un goût amer.
D’abord, la fin en queue de poisson : les motivations réelles de l’assassin demeurent une inconnue et voilà que surgit un maître criminel dans l’ombre dont on ne savait rien jusque là. Bref, il faut acheter la suite pour espérer comprendre le fin mot de l’histoire. Frustrant pour un polar qui n’est pas annoncé comme une saga. En plus, cette fin tombe comme un cheveu sur la soupe : brutalement, l’héroïne a tout compris. On se demande bien comment.
Ensuite, c’est la valse des stéréotypes et des astuces narratives faciles. L’héroïne est la femme la plus intelligente du monde, rien que ça, mais elle est devenue légèrement cinglée en entrant dans une expérience du gouvernement. Comme il faut être inclusif, le héros est un policier homosexuel dandy basque. Et, bien sûr, il y a le journaliste fouille-merde irresponsable sans la moindre éthique, le policier super-professionnel qui commet erreurs et péchés d’orgueil en série, les programmes tellement secrets que personne n’est au courant mais tout le monde obéit à ses représentants, les gens qui tirent toutes les ficelles avec un pouvoir infini, etc. Bref, à froid, ça ne tient pas la route deux secondes.
Et c’est là qu’on s’aperçoit que, quand un auteur sait bien mener son récit, il peut se permettre à peu près n’importe quoi. Mais, moi, ça me gène.