Soeur Sourire, de Stijn Coninx, avec Cécile De France, Sandrine Blancke, Marie Kremer et la participation de Tsilla Chelton, est consacré à la vie de Jeannine Deckers qui connut un bref et foudroyant succès dans les années 1960 avec sa chanson « Dominique, nique, nique… » alors qu’elle était none dominicaine. On la suit de sa rupture familiale jusqu’à sa mort partagée avec sa compagne lesbienne, en passant par son départ du couvent et sa déchéance. Celle-ci fut accélérée par une chanson pas très catholique, surtout à cette époque, la pillule d’or, ode à la contraception et à la libération de la femme.
L’interprétation de Cécile De France est une véritable incarnation permettant de découvrir un personnage très ambigü qui accumula les chansonnettes d’inspiration religieuse mais fut une rebelle durant toute sa vie, s’opposant autant à sa famille qu’à la hiérarchie du couvent, inconstante (rêvant d’Afrique avant de se brûiler les ailes dans les hit-parades) et finalement égocentrique. L’actrice a également chanté l’ensemble des interprétations de Soeur Sourire et n’a pas plus été doublée pour jouer de la guitare, soulevant le voile sur un nouveau de ses talents.
Rappelons que Saint Dominique, glorifié par la célèbre chanson, est tout de même l’un des inspirateurs de l’Inquisition… Et si l’Eglise encaissa sans protester les droits d’auteur, elle se détourna vite de la défroquée.
Le scénario, même s’il polit un peu le personnage et modifie quelques aspects, permet de bien comprendre comment a vécu Soeur Sourire à une époque de profonds bouleversements, entre la fin des années 1950 (elle entre au couvent en 1959) et le milieu des années 1970, où elle se suicide. Le défi était d’autant plus important qu’il fallait réussir à maintenir la tension et l’émotion.
Ce défi a été réussi. L’émotion ne quitte pas le spectateur. Pas plus que le refrain « Dominique, nique, nique, s’en allait tout simplement en chantant ; en toutes heures en tous lieux, il ne parle que du Bon Dieu… »