Les régimes de retraite sont, en France, régulièrement déficitaires. Mais la solution habituelle de repousser l’âge de la retraite est une mauvaise idée.
Le déficit s’explique simplement : les recettes (cotisations) sont inférieures aux dépenses (pensions). La France a en effet fait le choix d’un système par répartition : ce sont les actifs actuels qui payent pour les retraités actuels. A l’inverse, d’autres pays ont fait le choix de la capitalisation : les actifs économisent pour leur future retraite.
Chaque système a ses avantages et inconvénients et un système mixte est sans doute ce qui est préférable afin de compenser les inconvénients de l’un par les avantages de l’autre. C’est d’ailleurs ce que font spontanément la plupart des Français en investissant pour leurs vieux jours, par exemple dans l’immobilier comme l’achat de leur logement.
Outre le ratio retraités/actifs, il convient de regarder un autre indicateur : le chômage des seniors. Les employeurs français sont réputés pour être particulièrement gérontophobes. Donc, repousser l’âge de la retraite, tant que la gérontophobie des employeurs n’aura pas été sanctionnée, n’amène qu’une seule conséquence : le développement du chômage des seniors. Donc on remplace (partiellement) le déficit des caisses de retraite par celui des caisses d’allocation chômage.
Or les allocations chômage sont également issues de cotisations des actifs. Ce sont les mêmes qui payent, selon des modalités similaires. La bureaucratie à la française seule est responsable de la séparation des deux systèmes.
Le résultat est donc que repousser l’âge de la retraite n’a strictement aucune conséquence sensible (sauf via les différences d’allocations) sur le niveau global de déficit des régimes sociaux. C’est juste prendre dans la poche gauche de quoi remplir la poche droite.