Normalement, une prophétie est là pour annoncer l’avenir, le prédire. Or il arrive fréquemment qu’on cherche à adapter une prophétie à la réalité passée. Le cas des Prophéties (Centuries) de Michel de Nostredame, dit Nostradamus, est un cas d’école en la matière.
Il est même, en poussant la logique, envisageable que certaines prophéties aient été faites après coup, suite aux événements. C’est assez simple à concevoir lorsqu’une coïncidence est particulièrement étrange. Ou suite à un événement marquant l’imagination. Il est ainsi probable que le Grand Maître du Temple n’ait absolument pas maudit le roi Philippe IV le Bel sur son bûcher. Mais il se trouve que le roi est mort peu après.
Pour vous montrer comment fonctionne une prophétie à-rebours, j’en ai construite une rien que pour vous : « Par trois fois, trois frères mettront fin à leur sang ». Cette anti-prophétie est là pour indiquer la fin des trois familles de la dynastie capétienne qui régna en France de 860 (Eudes) ou 939 (Hugues Capet) à 1830 (Charles X) ou 1848 (Louis-Philippe 1er).
La fin des Capétien directs est ainsi formée par la succession Louis X, Philippe V et Charles IV, les enfants de Philippe IV. On pourra en effet négliger Jean 1er le Posthume qui n’a pas régné, mort environ une semaine après sa naissance, elle-même postérieure à la mort de son père (Louis X), ce qui n’a pas été sans poser une série de difficultés juridiques sur le droit des enfants à naître à hériter. Jean II ayant été un souverain catastrophique, plus aucun roi, ensuite, ne s’est appelé Jean. La fin des Valois (en l’occurrence Valois-Orléans-Angoulême) survient, elle, avec trois autres frères, fils de François 1er. Il s’agit de François II, Charles IX et Henri III. L’assassinat d’Henri III amène sur le trône son cousin Henri IV, premier Bourbon. Et, donc, de nouveau, trois frères achèveront les Bourbon. Il s’agit de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Comme Jean 1er, Louis XVII, fils de Louis XVI, n’a pas régné, même s’il était monarque putatif de 1793 à 1795.
On remarquera que, à chaque fois, les trois frères font naître ou subissent des conflits importants. Querelles dynastiques aboutissant à la mort bien pratique de Jean 1er et, au final, à la Guerre de Cent Ans : voilà pour les trois premiers frères. Les Guerres de Religions marquent la deuxième série. Enfin, la troisième série est prise dans les tourmentes révolutionnaires.
Je vous laisse vous exercer à concevoir de telles anti-prophéties. C’est très amusant.